Portrait de Vyckie Vaillancourt
Par Antoine Gence, Chargé de projets chez Familles en affaires
Une histoire de famille qui perdure depuis près de 200 ans!
Grâce aux multiples changements et innovations menés par les différentes générations, l’entreprise continue de contribuer au développement économique de la région de Laval.
1) Une ferme familiale agile
C’est en 1823 que la ferme Vaillancourt se construit sur les terres de la ferme actuelle dès les premiers immigrants originaires de France. Depuis leur établissement, la ferme a connu sept générations différentes et, pour la première fois de leur histoire, ce sera une femme, Vyckie Vaillancourt, qui en sera à la tête.
La ferme s’est adaptée à un écosystème en perpétuelle évolution. Un changement de paradigme majeur, porté par ses arrière-grands-parents au début du XXe siècle, a permis de sortir d’une approche centrée sur l’agriculture de subsistance et le troc. Ils ont ancré une démarche commerciale et réussi à professionnaliser les pratiques agricoles afin d’optimiser leurs tâches et de s’adapter aux besoins du marché.
Depuis cette transformation, chaque génération de repreneur a su donner un nouvel élan à la ferme. Sa grand-mère, qui a lancé en 1959 le commerce de fruits et légumes, a par exemple instauré la vente aux particuliers. Cette nouvelle activité a permis d’accroitre la notoriété de la ferme dans la région, notamment auprès des acteurs locaux. Au début des années 2000, son père a, quant à lui, développé les activités florales au sein de la ferme grâce à un heureux mélange de passion et d’expertise. L’entreprise s’est alors dotée d’une nouvelle branche de services centrés sur la mosaïculture et proposés aux villes et organismes souhaitant aménager différemment leurs espaces paysagers. Ce nouveau créneau s’avèrera d’ailleurs capital pour pallier les mauvaises récoltes.
2) Remise en question
Bien que Vyckie Vaillancourt ait construit son identité et fait son éducation au sein de la ferme, l’idée de reprendre l’entreprise n’allait pas de soi. Elle avait vu son père vivre les difficultés du métier d’agriculteur et s’était dit que ce n’était pas pour elle.
Elle s’oriente donc vers des études universitaires en relations publiques. À l’obtention de son diplôme, elle travaille pendant près de 5 ans dans ce milieu. Le hasard fait qu’elle en vient à collaborer avec une entreprise familiale. Les dynamiques familiales dont elle est témoin l’amènent à percevoir l’entrepreneuriat familial sous un autre jour.
Durant cette période, Vyckie réalise qu’elle ne s’épanouit pas vraiment en tant que professionnelle dans le domaine des relations publiques. La vie faisant bien les choses, c’est à ce moment que son père entame une réflexion quant à son avenir et commence à planifier sa retraite. Dans ce contexte, il lui demande quels sont ses plans vis-à-vis de la ferme. Est-ce qu’il doit préparer une reprise familiale ou la mettre en vente ? Elle entreprend donc une réflexion profonde et réalise l’importance de son histoire et des valeurs familiales. Elle décide de rejoindre l’entreprise.
Pour développer sa légitimité et se préparer à la relève, elle débute en tant qu’employée « observatrice ». Cela lui permet de comprendre le fonctionnement de la ferme et de se faire une opinion sur les façons d’en améliorer les processus. Pour compléter son cheminement, elle retourne aux études à HEC Montréal en gestion et entrepreneuriat, afin d’apprendre de bonnes pratiques de gestion.
3) O’Citrus – Un projet à son image
Au cours de ses études à HEC Montréal, dans le cadre d’un cours avec le maître d’enseignement Fabian Moreno, elle est amenée à développer son propre projet entrepreneurial. Elle lance O’Citrus, centré sur sa passion pour les agrumes et aligné avec la réalité de sa ferme.
O’Citrus produit au Québec des agrumes exotiques destinés aux chefs, épiceries fines et distilleries. Cette initiative apporte un nouveau volet à l’entreprise et permet à Vyckie de s’attacher plus profondément à la ferme familiale. Ce projet lui tient à cœur et l’anime d’un sentiment de quiétude qui lui confirme qu’elle est à sa place.
O’Citrus a permis de développer un nouveau segment d’activités au sein de la ferme dont les retombées dépassent la simple vente des agrumes. En effet, l’initiative a énormément rayonné et a donné une visibilité médiatique à l’ensemble de la ferme. Cet enthousiasme lui a aussi permis de travailler avec de grandes distilleries québécoises et de valoriser la qualité de sa production.
Vyckie souhaite poursuivre le développement d’O’Citrus, tout en se donnant le droit de continuer à explorer de nouvelles avenues, comme l’agrotourisme. Cette posture entrepreneuriale lui permet non seulement de s’épanouir au travers de ses projets, mais aussi de renforcir sa légitimité dans le processus de relève, car la ferme familiale bénéficie de la diversification de ses activités et lui assure sa pérennité.